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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 13:44

Lionel: Comment appelle-t-on un praticien de la santé chez les Amérindiens ?

JoAn: Si ta question est pour les gens de traditions je réponds sans hésitation homme ou femme médecine car dans notre territoire le mot ‘’Chaman’’ n’est pas très utilisé, ce mot est emprunté à la Sibérie.

En fait chaque famille linguistique avait un mot pour nommer l’homme ou la femme médecine, EX : celle qui travaille avec les plantes, la Bowen.

De nos jours, de plus en plus, sur les réserves, le mot médecin est utilisé, car bien des formes pensées se sont installés avec l’arrivé des premiers colons en Nouvelle France. La force de frappe a été si forte qu’au fil du temps bien des évènements ont transformés les façons de faire des peuples Amérindiens : façon de vivre, de pensée, de se nourrir et même dans la façon d’être habité de la PRÉSENCE !

Le mode de vie qui était basé à la terre demandait une attention constante et un profond respect !

Les écoles résidentielles (les pensionnats) ont causés beaucoup de ravages au mode de vie traditionnel, mais en parallèle, il y a, comme chez vous, de la résistance et plusieurs personnes travaillent avec des méthodes plus traditionnelles, plus nobles, plus globales.

Lionel: Comment est-il formé ?

JoAn: En vivant la tradition, le mode de vie. Il y a encore des Ainés qui partagent leurs savoirs et puis à la lumière de ce que l’on apprend on « ajuste » ce nouveau savoir à « l’essence de la tradition ».

Pour ma part je dirais que c’est la nature qui est mon maître et la médecine des plantes me forme…me transforme !

J’ai aussi suivi une formation dans une école d’herboristerie auprès d’une femme médecine exceptionnelle.

Il ne faut pas perdre de vue les innombrables éléments qui se sont ajoutés au mode de vie des Amérindiens et nous ne pouvons pas faire comme s’il n’en était rien.

L’air que l’on respire, l’eau que l’on boit et la terre qui nous nourrit ont subits des transformations gigantesque aux fils du temps et nous n’avons pas le choix, nous devons composés avec ces états de fait.

Lionel: Dans toutes les Amériques (Nord et Sud) il existe plusieurs tribus différentes. A-t-on autant de médecines amérindiennes que de tribus ?  Ou existe-t-il des similitudes ?

JoAn: Il y a certaines nations (tribus comme vous dites) qui ont de grandes similitudes, cela dépend du territoire si celui-ci est en forêt, en bordure de mer, dans les plaines, dans le désert … nomade ou sédentaire.

Il y a tout de même des similitudes mais surtout sur le plan spirituel.

Lionel: Quelles approches utilise la médecine amérindienne (plantes, animaux, énergie, etc.)?

JoAn: Ce qui monte en moi, en termes d’approche, c’est le respect.

Une approche globale du corps physique et de ce qui l’habite au dehors comme au dedans.

Les deuils et les DÉSENCHANTEMENTS (vous savez ces évènements de la vie qui déstabilise notre vie): le mépris, le rejet, le manque d’amour, la tromperie d’un être cher, la maladie, la perte d’emploi, les remords, la rancune, la perte d’un enfant, d’un compagnon de vie …

Ces deuils demandent un temps d’arrêt, mais pour vivre un deuil il faut déjà pouvoir comprendre et c’est souvent la partie difficile.

EX : Si la tristesse m’habite je serai, au quotidien, plus stagnante, recroquevillé et mes fluides corporels finiront par devenir, si je reste dans cet état trop longtemps, marécageux… la tristesse est lourde sur le plan de l’énergie et plus l’énergie est lourde plus le champ vibratoire est bas. Pour palier ces périodes de vie il est important de nourrir la vie, être en mouvement, quand même un peu, être accompagné même si c’est en silence et prendre le temps de vivre son deuil, sans rester dedans…

La prise de petites pilules ‘’engourdie’’ le mal de vivre mais ne change pas la condition primaire. La nature ne nous montre t’elle pas, elle même, comment faire du bon compost !!!

Il faut composter le mal de vivre en transformant le tout afin de pouvoir s’élevé au dessus (faire un temps d’arrêt pour ne pas avoir à se dire mais J’ÉTAIS OU moi tout ce temps ?).

Les jardiniers, et ceux qui travaillent en accord avec la nature connaissent, en général, le grand ART du compostage, la nature enseigne à qui écoute…

Le compostage demande un temps afin de permettre la transformation de la matière, les morceaux plus gros étant les plus lents à se décomposés.

Le retour à la vie doit accepter une partie de sa mort afin de nourrir le possible espoir de renaissance.

Il faut travailler sur les plans subtils de notre corps, les émotions connus et non reconnus et celles-ci impliquant parfois des pertes au niveau de l’âme… (Vous savez les ‘’mais J’ÉTAIS OU moi tout ce temps ?’’).

Plusieurs hommes et femmes médecines utilisent le tambour pour faire le voyage vers l’âme de la personne « demandante », à ce niveau il y a « négociation » dans le plan subtil.

Cette approche n’est pas spécifique aux Amérindiens, presque tous les peuples dits primitifs avaient une façon semblable de faire à ce niveau.

Sur ce sujet il y en aurait très long à dire…

Parfois nous sommes la pour donner une petite poussé dans le dos, parfois c’est une plante qui fera l’affaire et d’autres fois c’est l’énergie d’un animal dont la personne à besoin. Parfois c’est un rituel qui doit accompagner le passage.

Tout cela pour dire que chaque cas à sa médecine et parfois la guérison a pour chemin la maladie !!!

Lionel: Et comment est réalisé un "diagnostic[1]  " ou plutôt un bilan de santé du malade ?

JoAn: Il y a différentes façons de faire, moi j’écoute et je laisse monter en moi ce qui vient!

Parfois c’est une personne qui a eu un diagnostic ex : un bébé qui fait une pneumonie, alors nous y allons directement sur le plan physique avant de regarder « dans les alentours ».

Chaque rencontre à son mystère et puis moi je ne suis jamais à la même place dans la vie, mon état qui rencontre l’état de l’autre, mes DÉSENCHANTEMENTS qui rencontrent les DÉSENCHANTEMENTS de l’autre.

Avant une rencontre j’aime faire une purification pour être bien centré, à l’écoute de l’autre. Je demande aux forces de vie de m’accompagnés et de me guidés, je demande à la compassion de m’accompagner et surtout ne pas prendre le POUVOIR de l’autre…

Lionel: Lors de mon dernier voyage au Québec en 2010, je me suis intéressé à l’histoire des premières nations et notamment à l’arrivée des premiers colons français sur le sol canadien. La première chose dont ont été victimes les autochtones, ce sont les maladies que les Européens apportèrent. Les Amérindiens n’ont pu enrayer les épidémies. Les médecins des premières nations dirent qu’ils ne pouvaient guérir les maladies nouvelles car ils ne reconnaissaient pas l’esprit de ces affections.

Que voulaient dire tes ancêtres par « esprit de la maladie » ?

JoAn: Bonne question !

Question qui demande des mots sur ce qui est vibratoire, sur ce qui est mémoire, sur ce qui est subtil.

Les premiers colons Français portaient dans leurs vécus, en lien à leur histoire, une programmation psychique entachée de souillures psychologique. Les miasmes des épidémies tel que la gale, la sycose, la luèse, la tuberculose, la malaria se sont rependus très rapidement. Le système immunitaire n’était pas préparé à ces agressions.

Le choc des cultures a été incommensurable. Les Ainés n’avaient aucun repère physique et spirituel en lien avec ces nouveaux arrivants et leurs émanations.

Je ne sais pas si je m’exprime bien, c’est en lien avec les formes pensées si tu vois ce que je veux dire !

Lionel: Joan, penses-tu que la médecine amérindienne pourrait être considérée comme complémentaires à d’autres médecines, notamment à la médecine occidentale et scientifique dite « médecine conventionnelle » ?

JoAn: Très certainement, elle a sa place. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la médecine amérindienne évolue, aussi, à la lumière des temps ‘’moderne’’. Une culture qui se fige qui se momifie n’est plus vivante, il y a donc devoir de mémoire mais aussi d’adaptation. L’adaptation au milieu de vie, au climat, au virus… Ce que tous les peuples de la terre ont toujours fait !

De plus en plus nous voyons la science qui appuie les dires des Anciens.

Lionel: La médecine de tes ancêtres a-t-elle des réponses face aux maladies dites de civilisation (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires) ?

JoAn: Chaque cas est différent, chaque personne est un laboratoire avec sa propre chimie qui est composée de son vécu, son histoire, et de la mémoire du sang!!!

Il y a des plantes, des exercices physiques et spirituels et l’alimentation. Pas de réponse toute faite, pas de médecine FAST FOOD.

Lionel: Quel est la place de l’approche médicale amérindienne dans le Québec d’aujourd’hui (et le Canada en général) ?

JoAn: Il faudrait dans un premier temps qu’il y ai une place pour les Amérindiens au Québec pour que je puisse te parlé de la place de la médecine!!!

Nous n’irons pas plus loin sur ce.

Mais tu peux regarder le film/documentaire ‘’LE PEUPLE INVISIBLE’’ DE RICHARDS DESJARDINS, tu auras une belle leçon d’histoire, attention c’est chaud ! Moi j’ai ressortie la recette de cœur de Jésuites…

En général le peuple Québécois vit un profonds malaise en lien avec leur histoire qu’ils ont ‘’oubliée’’ ou qu’ils ne connaissent tout simplement pas !

Ici je ne me prononcerai pas pour le « Kanata » en général, je vis au Québec.

Lionel: Quelles sont les traditions que tu souhaites perpétuer ?

JoAn: Ce qui est propre à certains de mes Ancêtres (je suis Métis/Nipissing le lac Nipissing est tout près du lac Huron) c’est qu’ils savaient ÊTRE des humains.

Je souhaite pérenniser la pratique les cueillettes, des rituels, la loge des lunes, une alimentation plus simple, plus près de sa source avec moins de transformations, plus propre.

Je souhaite pérenniser les fondements spirituels en continuant de demander aux Ancêtres de toutes les directions de me nourrir…

C’est l’histoire d’une vie !

Lionel: Peux-tu nous dire en quoi consistent les ateliers que tu animes et qui sont intitulés
« l’herboristerie au quotidien » ?

JoAn: « L’herboristerie au quotidien » est un des ateliers que j’anime mais le but de tous ces ateliers est dans un premier temps la rencontre avec le vivant…Bien sur nous rencontrons des plantes, nous apprenons à faire de teintures, des onguents et puis quand, comment cueillir.

Il y a des clefs à connaître pour cueillir.

« La loge des Lunes » une rencontre entre femme. Une réflexion sur notre vie qui est soumise à des métamorphoses qui suivent un ordre déterminé. Dans notre vie d’humain chaque étape étant un tournant important. Tout est inter relié et chacun de ces passages rythment notre passage sur terre entre la naissance et la mort.

Le déroulement rythmique que l'on remarque très bien dans le règne végétal, qui ne développe pas seulement une racine mais aussi une tige, feuille, calice, corolle, fruit et graine…une étape menant à une autre étape de l’évolution, de la maturité.



Interview de Lionel Barrieu que vous retrouverez sur le site: http://blog-medecine-energetique.com

Je n'aie pas encore rencontré Lionel Barrieu, hormis par courriel, par contre je regarde son blog de temps en temps et j'aime bien ce que j'y trouve.


[1]   En France, le mot diagnostic est interdit pour les praticiens non-médecins. Il faut préférer « bilan de santé ». Seul un docteur en médecine peut réaliser et poser un diagnostic.

 

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 11:27

Nos  Ancêtres Amérindiens, à Robert et à moi, étaient nomades. Déjà  en ce temps, sans le savoir, ils pratiquaient  ‘’la simplicité volontaire’’ comme mode de vie. Et je peux dire, sans exagérer, que nous pratiquons la simplicité volontaire et que nous sommes, nous aussi, nomades.

Pour moi la médecine traditionnelle se vit au quotidien ; cela est et a toujours été. Les Amérindiens ont appris directement de la nature. Cette nature étant le grand livre sacré ayant pour temple la forêt dont les piliers sont les arbres et le ciel,  la voûte céleste.

Dans son essence, la médecine n’a pas  beaucoup changé. Parmi les méthodes de guérison, on retrouve entre autre : les rituels, les jeûnes, les festins, les danses,  les chants, la transe au tambour, les masques, les rêves et très certainement, les végétaux.

Bien sûr, lorsque je fais des onguents, je n’utilise pas la graisse d’ours comme le faisaient nos Ancêtres, ni l’alcool (qui est arrivé avec les visiteurs) pour les macérations d’herbes, mais le principe, la méthode est restée à-peu-près la même. Pour moi, une culture qui se momifie, qui n’évolue pas, court  à sa perte (tout comme l’ours blanc en ce moment). La médecine traditionnelle, l’herboristerie, se doivent de rester vivantes, de s’adapter et d’évoluer, tout comme nous le devons  nous-mêmes, dans un monde où la seule chose qui ne change pas est le changement lui-même.

Je prends ici le temps de remercier les traditionnalistes ‘’entêtés’’ qui ont persisté malgré tous les obstacles dressés devant eux. Ces réfractaires du système, qui prenait place,  ont continué à mener une vie traditionnelle en forêt afin de ne pas perdre, dans les réserves, ce qui leur restait de connaissances. Les rapports des agents des Affaires indiennes surnommaient ces gens : Wandering Bands ou bandes errantes à la fin du dernier siècle. Le grand questionnement de ces bandes était alors: Pourquoi prendre des autres cultures des valeurs moindres que les nôtres ?

La médecine, faisant partie de la vie de tous les jours, était préventive plus que curative. On prenait soin du malade et non de la maladie, sachant fort bien que si l’on  ‘’guérit’’  une personne, on la coupe du  passage important qui la hissera à un autre niveau de conscience qu’elle n’atteindra par elle-même qu’en apprenant de son mal.

Le respect des animaux, des végétaux, de la terre nourricière (auxquels on attribuait  un esprit (Manitoo) faisait aussi partie de la vie quotidienne. La gratitude donnée aux différents règnes, en donnant une pincée de tabac, démontrait bien la reconnaissance envers Manitoo. Notre spiritualité est basée sur ce que nous appelons Signoguma, toutes mes relations : ‘’Grand-père soleil, grand-mère lune, mère terre, père ciel, le peuple des nuages, le peuple des étoiles, les être du tonnerre, ceux qui se tiennent debout(les arbres), les pierres, les quatre pattes, les ailés, ceux qui se trainent par terre, ceux qui vivent dans l’eau, les deux pattes (nous), le petit monde, les plantes qui guérissent, l’eau, le feu…’’

Pour nous, l’humain n’est pas en haut de l’échelle, comme le veut la  théorie de Darwin. L’humain n’est qu’une des relations. Cette croyance démontre que nous devons respecter toute la création car nous sommes tous égaux.

Le sens du sacré, dans la tradition, n’a pas changé de nos jours. Comme toutes les spiritualités et religions, nous avons de l’encens qui aide à la purification : le cèdre (thuya occidentalis), le foin d’odeur (hierochloe odorata) et la sauge blanche (salvia apiana). Ces encens  servent à éloigner les pensées négatives qui  touchent l’esprit et par la suite le corps. L'encens amérindien emporte les ions positifs et laisse la place aux ions négatifs. Il est ainsi prouvé que faire brûler de la sauge, du cèdre, du foin d'odeur chasse les ions indésirables ou "mauvais esprits". Il est bénéfique pour notre environnement de faire brûler ces herbes.

La médecine des herbes éliminait les symptômes de la maladie et la médecine de l’esprit  éliminait la problématique du malade. Personnellement, je n’adhère pas l’utilisation au mot shaman, mot d’origine sibérienne, utilisé abusivement et devenu une sorte de ‘’marque de commerce’’ comme sapolin, mobylette, frigidaire, kleenex… je trouve plus juste l’appellation de ’’ homme ou femme médecine’’. La croyance veut encore que le Créateur, dans sa grande sagesse, ait mis à la disposition de ses enfants tous les outils nécessaires dans son territoire pour éliminer toute problématique et a  insufflé à certaines personnes leur connaissance, c'est-à-dire  l’homme ou la femme médecine.

Des centaines d’années d’observation et d’expérimentation sur leur territoire, appuyés par une grande réceptivité, leur ont permis de développer une compréhension globale de l’être humain dans un très grand champ de perception, par exemple : Où, quand et comment faire la cueillette des végétaux, de l’eau de bouleau et d’érable au moment  précis où ceux-ci sont à leur apogée ; quelle partie de la plante utiliser à quelle période de son développement, où, quand et comment la cueillir, et de quelle façon travaille l’esprit de la plante (il n’y a qu’à voir l’effet des élixirs des fleurs) ainsi que la façon d’amplifier son pouvoir…Nos ancêtres recevaient des enseignements, des messages du règne des végétaux. Ils n’étaient pourtant pas considérés comme des ‘’hurluberlus’’, mais comme les sages qu’ils étaient.

L’observation de l’être humain a aussi permis de comprendre les différentes étapes de  sa croissance, dans toutes ses dimensions. De là l’importance des rites de passage, de la naissance à la mort. Une ainée m’expliquait qu’il y a sept cordons à couper durant un cycle de vie: Le 1er  est celui de la naissance, le 2ième lorsque l’enfant cesse d’être nourri au sein et qu’il marche,  le 3ième  lorsque l’enfant perd ses dents de bébé, le 4ième lors de la puberté (soit le cycle lunaire pour les filles et la mue de la voix pour les garçons, par exemple), le 5ième lorsque l’on devient parent, le 6ième,  lorsque l’on devient grand-parent, le 7ième et dernier cordon se coupe lors du grand voyage dans le monde des Esprits: la mort. L’importance d’accompagner ces passages à l’aide de rites fait partie des outils de la médecine traditionnelle : Un baume pour l’âme, de passage en ce monde.

Depuis quelques années, nous entendons parler de ces rites ‘’païens’’ qui reprennent leur place sous différentes formes avec la volonté de les adapter au mode de vie actuel. Encore un cadeau nécessaire pour les temps à venir venant des peuples dit primitifs.

Pawnee et R.7.Crows Bretagne 11/2010Nous avons été fort surpris, Robert et moi, lors de nos premiers voyages en vos territoires,  de voir à quel point la cérémonie de la loge de purification était présente chez vous. Je laisse donc la plume à Robert, afin qu’il puisse vous raconter son vécu avec cette cérémonie qu’il a partagée de nombreuses années, en milieu carcéral, avec des amérindiens de différentes nations.

En 1613, Samuel de Champlain, à son arrivée dans nos territoires,  a écrit dans son journal de bord ‘’Ils utilisent la loge à transpirer et appellent leurs amis pour qu’ils suent aussi parce qu’ils croient que c’est le vrai remède à travers lequel on peut retrouver la santé. Ils utilisent l’écorce des arbres pour créer les loges à transpirer. Ils mettent des feuilles de bouleau sur les braises et pendant qu’ils sont dans la loge, ils chantent tout le temps.’’

La loge de purification, que plusieurs nomment hutte de sudation ou sweat lodge, est l’une des plus vieilles cérémonies du monde. Tous les peuples de la terre avaient une cérémonie semblable en utilisant, pour sa construction, les matériaux en lien avec leur territoire. (Pensez aux hammams et aux  saunas !) Dans nos territoires nous utilisons le bois de la famille du saule, symbole de l’amour, grâce à sa grande souplesse. Nous couvrons le sol avec des branches de conifères très odorants qui libèrent leurs huiles essentielles (ici nous touchons à l’aromathérapie avec ses bienfaits). Les pierres sont chauffées dans un feu. Lorsque celles-ci sont rouges, elles sont entrées  au centre de la loge. Par la suite, une décoction de thuya, arbre de purification par excellence, est versée sur les pierres afin de permettre la purification physique, spirituelle et émotionnelle.

La loge symbolise un retour dans le ventre de notre mère ; la chaleur et la noirceur favorisent l’introspection. Une femme médecine de chez nous expliquait  en ces mots l’action de la loge ‘’Ayant une action profonde sur la lymphe, les liquides dans notre corps sont liés avec le corps éthérique, avec le règne végétal ; les émotions voyagent à travers nos liquides qui eux sont liés à la lune. Dans la loge, les émotions montent, il y a des ajustements, les énergies peuvent se placer, et c’est très important. Cela facilite la santé sur tous les plans, car tous les plans sont un.’’ Le but n’est nullement de cuire les gens et encore moins une compétition à savoir qui résistera le plus longtemps à la chaleur.

Originalement, les femmes ne vivaient pas cette cérémonie, parce que lors de leurs  cycles lunaires, les femmes sont des ‘’ huttes qui marchent’’, leur corps étant en processus de purification. Elles n’ont donc pas besoin de cérémonie additionnelle. La femme est née complète. Plusieurs femmes demandent maintenant à vivre cette cérémonie car elles ont oublié le pouvoir de grande purification qui est inscrit dans leur corps à chaque cycle lunaire.

La loge, ne faisant pas parti d’une religion, n’est donc pas imprégnée de dogmes. L’humour, qui a  toujours une place très importante dans nos nations, ne veut pas dire pour autant que les cérémonies ne sont pas prises au sérieux. Les anciens et anciennes connaissaient la médecine de l’humour.

Il y a plusieurs sortes de loges et chaque nation a sa façon de faire. Il est bien normal qu’en milieu carcéral la loge soit très différente d’une loge vécue dans une communauté amérindienne et bien différente encore en France, avec des gens qui viennent d’une autre culture et qui ont des repères différents. De plus chaque personne a son histoire personnel ce qui rend l’expérience de la loge différente pour chacun. En fait une loge de purification ça ne s’explique pas, ça se vit ! Comme le dit si bien Léonard Peltier.

La nature, le grand livre sacré, a toujours donné les messages nécessaire à notre évolution et elle continue fidèlement de le faire en ‘’parlant’’ de plus en plus fort.

En 2008, la médecine traditionnelle a toujours sa place ; elle évolue et reste bien vivante. Lors de nos rencontres avec les groupes, nous partageons avec les gens l’héritage commun et sacré que nous avons tous reçu en tant qu’humains et nous les encourageons à se réapproprier les traditions qui leur sont propres et qui viennent de leurs territoires.

Mulgtess, 

Joan Pawnee Parent &  Robert Seven Crows

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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 15:11

Un article de JoAn Pawnee P. avec la collaboration de Robert Seven-Crows.

Kwé,  kwé  à vous tous !

Depuis de nombreuses années Robert Seven Crows (de la nation Métis/Mi’kmag) et moi, JoAn Pawnee P. (de la nation Métis/Nipissing) avons eu l’opportunité de partager notre culture Amérindienne dans de nombreux centres de yoga (Swami Vishnu a su reconnaitre les liens entre les différentes spiritualités, chacune étant une branche de l’arbre de vie) ainsi qu’en de multiples endroits (Angleterre, Canada, France, États-Unis, Liban …). Nous sommes parents, grands-parents, membre du Kumik Elder’s Lodge au ministère des affaires Indiennes au Canada.

Fort de notre héritage métissé nous partageons  par le billet de différentes cérémonies, ateliers et rencontres.

-      La hutte de sudation ou sweat loge (cérémonie que Robert à utilisé de nombreuses années en milieu carcéral auprès des hommes Amérindiens à titre de personne ressource traditionnel).

-      La cérémonie du Soleil levant. 

-      La cérémonie de l’Eau

-      La loge des lunes

-      L’herboristerie au quotidien (je suis herboriste traditionnelle)

-      Alimentation vivante ou cuisine énergétique (germinations, jus herbes de blé, lacto-fermentation….)

 

Aussi nous recevons, quelques fois par années, dans notre maison de passages, en bordure de la rivière La Lièvre au Québec, Canada,  de petits groupes (10 à 12 personnes) sur une période de 10 jours. La trame de fond est l’apprentissage de l’alimentation vivante ou cuisine énergétique, l’herboristerie ainsi que différentes cérémonies. Pour plusieurs de ces gens il s’agit d’une première rencontre avec la nature divine de la Nature, notre mère la terre.

Au moment d’écrire sur ce papier (qui est petit cousin de mon frère l’Arbre) nous sommes en France sur une tournée de deux mois dans le cadre de différents festivals et lieux de contes et musiques. En décembre nous présenterons, au salon du livre jeunesse à Montreuil, Paris,  notre livre : «Le voyage de Kwé-Kwé et Mulgtess» un conte initiatique pour les jeunes.

Tout dernièrement,  lors de la fête des morts (halloween, toussaint, Samain, Ancêtres) le 1 novembre 2010, nous avons vécu un rituel, en territoire breton, dirigé par notre ami Ozégan, un rituel qui consiste à libérer les Esprits qui n’ont pas été honorés lors de leur passage sur terre et ce pour différentes raisons et circonstances.

Lors de cette cérémonie nous avons invoqués les Esprits des quatre directions,  l’Esprit de l’Est, du Sud, de l’Ouest et du Nord. Nous avions avec nous une « manifestation » des quatre éléments, le feu, l’eau, l’air (par la musique et les chants)  et pour la terre un peu de nourriture à partager entre nous et à glisser sous un arbre à l’attention des Esprits, en fin de cérémonie. Avant de fermer la cérémonie nous avons pris un temps de recueillement afin de pouvoir donner à l’Esprit du Feu ce dont nous ne voulions plus porter en nous. Par la suite nous avons, chacun de notre côté, demandé aux Ancêtres présents de nous accompagner, sur notre chemin de vie,  afin d’obtenir l’aide, le soutien pour œuvrer plus légers, plus forts….sur le sentier de la vie. Nous n’étions pas surpris du tout de la grande ressemblance qu’il y avait entre nos deux cultures, Amérindienne et Celtique, dans la façon de faire et de communiquer avec les Ancêtres et les Esprits lors de cérémonies.

Il faut savoir qu’à la base nous sommes des êtres spirituels et les rituels nous aident à faire la connexion avec les autres mondes (ou plans). Nous devons impérativement  ressortir les rituels des placards, les dépoussiérer, les revisiter et les adapter à notre mode de vie actuel.

Chaque matin lorsque je brule la sauge en offrande aux sept directions, j’exprime à voix haute mes remerciements et les intentions que j’aimerais porter tout le long de la journée. Un investissement de quelques minutes qui rapporte gros.

Je remercie les Esprits de l’Est pour l’espoir, les Esprits du Sud de m’aider à entretenir mon feu intérieur, les Esprits de l’Ouest pour le cadeau de l’introspection,  les Esprits du Nord pour la sagesse, les Esprits des cieux qui éclairent mon sentier, les Esprits de la terre qui aident à nous nourrir, et je remercie les Esprits « alliés » qui m’accompagnent et me soufflent à l’oreille des messages (que je n’écoute pas toujours…).  L’idée est de lancer l’intention de la journée.

La vie de l’être humain est soumise à des métamorphoses qui suivent un ordre déterminé. On remarque très bien ce déroulement rythmique dans le règne végétal, qui ne développe pas seulement une racine mais une tige, feuille, calice, corolle, fruit et graine…une étape menant à une autre étape de l’évolution, de la maturité.

Dans notre vie d’humain chaque étape est un tournant important et les rituels nous aident à intégrer chacun de ces passages. De la naissance à la  mort il y a sept cordons à couper et ceux-ci correspondent aux différents  passages de notre vie d’humain.

Rudolf Steiner, (père de l’anthroposophie reconnu grâce à ses travaux sur Goethe et Nietzsche) disait « Toute la vie humaine ressemble à une plante qui contient non seulement ce qu’elle offre à nos yeux, mais encore un état futur, qu’elle recèle dans ses profondeurs cachées. Celui qui a devant lui une plante qui ne porte encore que des feuilles, sait très bien qu’au bout d’un certain temps, il y aura aussi sur la tige des fleurs et des fruits. De ces fleurs et de ces fruits, la plante de maintenant recèle déjà le germe dans le secret d’elle-même... La vie de l’homme, elle aussi, recèle les germes de son avenir. »

Le sacré, le spirituel ne peut pas être compris par le mental. Pour toucher au sacré nous devons sortir de l’intellect. Le Grand Mystère est dans toutes nos relations, (Signoguma) du plus petit au plus grand. Toutes nos relations sont dans la nature : grand-père soleil, grand-mère lune, père ciel, mère terre, le peuple des nuages, le peuple des étoiles, les êtres du tonnerre, les quatre pattes, les ailées, ceux qui rampent, les êtres des eaux, ceux qui sont debout (les arbres), le peuple des pierres, les plantes qui guérissent, le petit monde….

Dans un des livres de l’écrivaine Ojibwa Louise Erdrich  j’ai trouvé  une citation remarquable  qui exprime bien le propos lorsqu’elle écrit : «Examinons le mot esprit, manidoo et toutes les formes dans lesquelles il réside. Ce que nous considérons comme de la vermine, les insectes, les formes les plus inférieures de la vie, sont des manidoonsag, de petits esprits, et dans leur désignation il est possible de voir aussitôt la perspicacité de la grande philosophie qui unit ainsi l’infiniment petit à l’infiniment grand, car la grande et bienveillante intelligence, le Gichimanidoo, partage son nom avec le plus humble animal.»

La nature est notre demeure, elle est la grande habitation où coexistent toutes nos relations avec nous, les êtres humains. La forêt est notre temple, les arbres en sont les piliers, le ciel la voûte céleste, la nature est notre guide spirituel, nous en dépendons entièrement et totalement. C’est la nature qui nous enseigne la sagesse. Nous avons beaucoup  appris et  nous avons encore beaucoup à apprendre. Nos Ancêtres savaient que tout était relié et le siècle actuel semble avoir tout oublié.

Nous sommes devenus aveugles et sourds, n’entendez vous pas les pleurs de notre planète ?  Il y a urgence à nous reconnecter, à nous relier à la nature et à notre nature humaine. La nature depuis toujours nous a nourris, soignés, vêtus, logés, inspirés, réchauffés, protégés… Elle a donné naissance à notre technologie et  à notre science, ce n’est pas l’inverse. En cette époque charnière nous sommes en train de participer à l’éveil de l’humanité, le grand tournant planétaire.

Les gens recherchent désespérément de nouvelles connaissances spirituelles et font leur « magasinage » (window shopping) un peu partout, ils sont avides de nouvelles visions, d’initiations. Un sentiment de vide est de plus en plus présent. Désormais ce que les gens ne portent plus à l’intérieur ils le portent à l’extérieur, la mode va bon train. Autrefois les hommes étaient rémunérer pour être des hommes « sandwichs » mais désormais ils payent cher pour porter et faire la publicité de certaines marques…  Nous avons perdu de vue la simplicité, nous regardons trop haut, trop loin, tout est autour de nous et en nous. Lors d’un rituel, pour l’eau, avec un groupe de femmes,  il y en à une  qui, de ses mains, a creusée dans la terre ‘’un bol ‘’ dans lequel elle a déposée de la sauge à brûler pour la cérémonie. C’était simple, beau et grand, pas de fla-fla, l’essentiel était la.

Nous devons apprendre à regarder la nature avec amour, réapprendre à la caresser du regard. Notre ami Ozégan nous disait, lors du rituel des Ancêtres, qu’avant de pénétrer dans la forêt, ses ancêtres Celtes  utilisaient une formule très ancienne qu’ils répètent à trois reprises afin que les Esprits de la nature soient encore plus accueillants...  C’est une belle marque de respect, de reconnaissance, une belle démonstration amoureuse.

Apprenons à regarder la nature avec reconnaissance et amour, les plantes avec amour, apprenons à regarder même ce qui est laid avec amour. Et la laideur se transforme. La laideur est directement associée à la souffrance. La souffrance à un goût amer et son fruit est la laideur. Notre but est de ne pas porter de fruits amer en nous car malheureusement les semences se multiplient rapidement autour du plan mère si l’on ne prend garde.

Danielle Laberge, femme médecine, disait que «le rôle de la laideur est de faire en sorte qu'une soif immense de beauté s'allume. Et lorsque cette soif s'allume, alors la quête de l'essentiel commence.»

Nous rencontrons tous des passages de vie au goût amer et nous avons tous la possibilité de voir le mauvais et le bon coté dans toute chose. Nous avons le pouvoir de choisir celui qui va tout détruire ou tout reconstruire. Les rituels sont des outils d’accompagnement et la nature est un grand livre qui nous donne toutes les informations nécessaires.

Les feuilles des arbres tombent à chaque automne et viennent ainsi enrichir le sol qui à son tour, après décomposition, nourrit les végétaux, les animaux.  C’est une manifestation du grand cercle de la vie.

Lors de passages difficiles nous devons développer le grand Art du compostage,  afin que ces évènements ne « pourrissent » notre vie, et celle des autres. La forêt m’enseigne la sagesse de la transformation.

Une de nos filles, un jour alors qu’elle était petite, me reprochait de la réprimander plus que les autres. Le hasard avait voulu qu’un jeune arbre avait justement besoin d’un tuteur, alors nous sommes allés dehors, et je lui ai  montré cet arbre qui sans notre aide, notre amour, risquait de se briser, de pousser en déséquilibre, qu’il serait plus vulnérable aux intempéries.   En soutenant l’arbre au tuteur je disais à celui-ci comme je le trouvais beau et que mon intervention avait pour seul but de l’accompagner car je savais qu’il avait tout en lui pour devenir magnifique. Ce petit travail, fait ensemble, résumait tout et elle comprit très bien ou j’allais avec cette histoire d’arbre et de tuteur. Nous avons passé un beau moment à faire ce petit travail, mais combien riche !

La nature n’est pas simplement un territoire, elle est enseignement, sagesse, énergie spirituelle. Lorsque nous cueillons des plantes médicinales (ou comestibles) nous offrons le tabac sacré en remerciant  la plante, nous savons quelle perçoit le message et qu’elle s’offre encore plus généreusement pour nous accompagner. Si je n’aie pas de tabac avec moi je prends tout de même le temps de la remercier avec gratitude sachant que c’est l’intention qui compte et qu’il ne faut pas s’attacher à la forme car je suis convaincu que la plante perçoit cette pluie d’amour sur le plan vibratoire.

Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste et écrivain  que j’aime beaucoup, dit  «il faut regarder le vivant avec une attention émue».

Nous sommes vibrations et nous évoluons dans un monde où tout est énergie et vibration. La vibration de la gratitude est haute, nos Ancêtres savaient cela.

 

Il y a présentement, à notre grand bonheur,  une préoccupation grandissante pour ‘’l’esthétique’’ des cours d’écoles.  Il est important que nos enfants soient dans la nature vivante, vibrante et non retranchés dans des cours bétonnées et clôturées qui ressemblent de plus en plus aux institutions carcérales, coupées de toutes beautés. Nous devons nous inspirer de la beauté du monde pour nourrir nos enfants. Qu’ils aient la chance, eux aussi, de voir des fleurs volantes (les papillons aux mille couleurs). Ils ont encore plus besoin que nous d’être touchés par la beauté du monde afin que celle-ci touche leurs sensibilités, leurs âmes. L’école devrait préparer les enfants à la vie et non les retrancher pour en faire des êtres programmés.

 

La vie est une grande cérémonie qui se vie au quotidien et les différents passages en font partie. La Vie place sur notre chemin des initiations, il n’est pas nécessaire de chercher des ‘’Hauts lieux’’ initiatiques, puisque nous avons la possibilité de vivre les ‘’Hauts Lieux’’ au quotidien. La magie de la vie est dans chaque geste, il n’y à ni magie noire ni magie blanche, il n’y a que la magie et tout dépend de l’intention de celui qui l’utilise.  La médecine de l’araignée m’enseigne le tissage des intentions, nous tissons tous des toiles afin d’attirer, de prendre dans notre filet, des gens, des évènements…

 

Nous devons développer le grand Art du savoir vivre en harmonie avec les autres règnes, Rudolf Steiner disait  «En allumant l’enthousiasme dans nos âmes, l’enthousiasme deviendra des actes. Et d’actes, nous avons besoin».

 

Nous devons oser  «la vie en rose » en cultivant la beauté mais pour cela nous devrons continuer à la voir afin de continuer à semer ses graines et qu’ainsi la beauté puisse naître dans les yeux et le cœur des enfants.

 

J’aimerais terminer avec une citation de notre ami Ozégan : «Le bouffon est un sage caché qui a découvert la première des sagesses qui est le rire. Car le rire nous empêche de devenir fous chez les fous ! »

 

Que la Paix et la Joie soient avec nous tous !

 

Mulgtess

 

P.S. Nous serons, Robert et moi au mois de mars 2011, à Trimurti dans le sud de la France, dans le cadre d’un  rassemblement Chamanique et en Nouvelle-Calédonie en avril 2011.

 

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